Belles latinas

Trois auteurs pour les Belles Latinas 2022

Par PATRICIA PATRUNO, publié le vendredi 14 octobre 2022 13:00 - Mis à jour le vendredi 17 novembre 2023 09:47
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Cette année, trois auteurs sont venus rencontrer les élèves du lycée Carnot dans le cadre des Belles Latinas, trois belles personnes très différentes mais extrêmement  sympathiques et ouvertes. Trois "instants uniques".

Mardi 11 octobre 2022 à 8h du mat, Boris Quercia, bon pied, bon oeil, est intervenu auprès des 2G1 et secondes Euro encadrés par leur professeur de Lettres M. Brun et leur professeure d'Espagnol  Euro Mme Dubruc organisatrice de l'évènement (et traductrice). Les élèves avaient étudié en amont son dernier livre "Les rêves qui nous restent", livre de science-fiction.

Boris Quercia est un scénariste, acteur, réalisateur et écrivain chilien. Il est connu en France pour ses polars noirs avec  son héros Santiago Quinones, côté face, au Chili pour ses réalisations de films et séries TV ( Los 80) comiques côté pile. Double facette, le sourire aux lèvres omniprésent, il nous dit comme en s'excusant que les Chiliens aiment la comédie et c'est pour cela qu'il reste dans ce registre dans son pays (alors qu'il n'est pas toujours facile de faire rire les gens).

Sa trilogie policière a été tout de même adaptée à la TV mais il trouve l'adaptation difficile. On ne peut pas tout retranscrire en images notamment les pensées des personnages.

Le roman est une oeuvre personnelle. Un film est un travail d'équipe, le scénario n'est pas figé...

Il ne regarde jamais les films terminés car il y voit toutes les imperfections. Il préfère passer à autre chose.

Pour ses romans, il s'inspire de la vie quotidienne, il pense que la création naît dans l'inconscient. Les histoires existent déjà...elles arrivent suivant l'inspiration.

Quand il commence un roman, il ne connaît pas la fin. Il se laisse porter et suit les chemins qui se présentent à lui... Il se perd un peu... alors il cherche une sortie.

Pour son dernier roman, "Les rêves qui nous restent" ("Electrocante" titre original) , il change de genre et rentre dans la science-fiction ou le polar science-fiction. Electrocante est le nom du robot inventé par l'auteur. Il trouvait qu' Electroquant ne sonnait pas bien en français. Le titre finalement choisi est en rapport avec la fin du livre. Les électroquants sont des robots très "humains" et beaucoup d'humains dans ce livre perdent leur humanité. Le roman est noir comme les romans de Santiago mais peut-être avec une petite lueur d'espoir à la fin...

 

Le mardi après-midi, les élèves de Terminales (TG4) de M. Vial (histoire-géographie), les 1res Euro  de Mme Dubruc et les correspondants espagnols de Picasso Mob rencontraient Iliana Holguin Teodorescu, jeune Parisienne aux origines colombienne et roumaine.

"Aller avec la chance" signifie voyager en faisant de l'autostop en Colombie... De la chance, elle en a eu pour faire tous ces kilomètres seule mais aussi elle a eu l'envie, la détermination pour continuer et achever son périple.

En 2018, à 18 ans, elle parcourt 9000 kilomètres à travers l'ouest de l'Amérique du sud (Colombie, Equateur, Pérou, Bolivie, Chili et Patagonie) en voiture, camion, bus, pick-up...

Elle croise des hommes et femmes pour quelques minutes ou plusieurs heures.

Son livre n'est ni un carnet de voyage, ni un guide touristique, c'est l'histoire de ses rencontres lors de ce voyage en Amérique du sud. Des rencontres insolites, attachantes, des micro-portraits d'individus de différentes communautés. Elle raconte que ces rencontres sans lendemain permettent aux gens de se confier car ils savent qu'ils ne la verront plus.

En Colombie, elle est allée aussi rechercher sa famille paternelle.

Sinon, elle passait des nuits en auberge de jeunesse ou chez l'habitant. Au Chili et en Argentine, beaucoup de gens font du stop mais en Colombie, ce n'est pas le cas car c'est beaucoup plus dangereux. Elle a ainsi connu des gens sympas qui se sont inquiétés pour elle et l'ont un peu accompagnée.

Elle a reçu le Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro 2021.

Son voyage lui a permis de découvrir des belles valeurs de solidarité, d'entraide (contraires à la société individualiste).

Aujourd'hui, elle a créé des lectures-spectacles, elle lit ses textes en musique avec son compagnon Fabricio, musicien chilien.

 

 "Ce que Frida m'a donné" ... Là c'est une femme artiste vénézuélienne et brésilienne qui "rencontre" Frida Kahlo dans sa maison. Elle rencontre une Frida intime mais c'est aussi un retour sur elle-même, son passé, une introspection.

Rosa Maria Unda Souki vit désormais en région parisienne.

Elle a commencé à peindre des maisons, celle de son enfance, celle de Federico Garcia Lorca puis celle de Frida, Casa Azul, maison devenu musée en 1957.

« Enfermée » dans sa résidence d'artiste parisienne au cours d'un été, Rosa Maria Unda Souki narre la préparation de son exposition. A partir de ses oeuvres, la peintre déroule une narration intime et domestique, son enfance, son père, l'exil, l'effondrement du Venezuela, qui s'entrelace avec l'existence de Frida Kahlo celle qu'elle a passée à l'intérieur des murs de la Casa Azul. Bribes biographiques, annotations, reproductions des toiles, croquis, esquisses, "Ce que Frida m'a donnée" est un patchwork coloré qui assemble deux existences, deux vies de créatrices latino-américaines.

Rosa Maria a fait un énorme travail de recherches dans les archives, les lettres, les écrits des hôtes de Frida. A travers la recherche de Frida dans sa maison, elle s'est trouvée et retrouvée (sa maison d'enfance, ses amours...)

Le titre du livre est inspiré du tableau de Frida "Ce que l'eau m'a donné".

Ce livre est un objet précieux avec ses dessins parfois sombres, parfois très colorés comme les vêtements de Frida. Elle a mis en mots ses tableaux et le texte est particulièrement percutant.

Pour Rosa Maria, l'art est une façon de résister. Elle peignait alors que le Venezuela sombrait. Dans toute cette horreur, elle voulait encore montrer la beauté...

Les élèves de Terminale Euro et de Terminale spé HGGSP (avec M. Gallant) ont eu la chance de rencontrer Rosa Maria Unda Souki jeudi 14 octobre 2022.

 

Texte : P. Patruno

Photos : M. Dubruc et P. Patruno